Mardi Gras, enfin !! Il nous aura fallu près de 8 mois de galère de ce côté de l’Atlantique pour se familiariser avec la langue et les codes de la population autochtone et être fin prêt pour cet évènement. Mardi Gras est un des évènements les plus attendus en Louisiane et draine chaque année un flux de touristes incroyable. Mardi Gras, c’est des dizaines de parades qui défilent dans différents quartiers de NO et dans les villes adjacentes, et qui s’étalent sur plus de 3 semaines. Les parades sont formées de fanfares aux couleurs des écoles locales, de majorettes, et de chars sur lesquels des personnes masquées distribuent à la foule des milliers de « beads » (colliers de perles en plastique) et autres pacotilles. La foule, c’est un raz de marée de mains avides d’attraper le plus grand nombre de « beads ». La bestialité met à terre la raison à tel point qu’un observateur extérieur pourrait s’étonner de constater que des stratégies de groupe opèrent au même titre que dans le règne animal. Mardi Gras, c’est tout et son contraire, c’est l’individualisme et le collectif, le consumérisme et le solidaire, le conservatisme et le révolutionnaire, bref un sacré bordel qu’il ne faut surtout pas manquer !!
Pour notre baptême, ce ne fut pas trop mal. 3 jours, 3 parades et 3 atmosphères complètement différentes. Notre première parade se déroula vendredi soir dans le quartier de NO appelé Uptown. Sur St Charles, grande artère divisant les quartiers bourgeois (majoritairement blancs) et les quartiers pauvres (exclusivement noirs) nous nous sommes calés, peinards, une bière à la main et l’autre main dans la main de l’autre (normal, nous étions la veille de la St Valentin). Parade plutôt familiale, essentiellement noire (si la couleur des personnes est souvent précisée c’est que nous avons été frappés par le manque de mixité !!), avec de nombreuses fanfares et troupes de jeunes danseuses. Le professionnalisme n’était pas vraiment au rendez vous, chorégraphies brouillonnes, morceaux de musique aux rythmes approximatifs, mais la bonne humeur était partout, explosive et franche. Ainsi, quand les premiers chars sont arrivés avec leur pluie de « beads », nous levions timidement les bras pour essayer d’attraper en vol quelques colliers. Quelques minutes plus tard, nous étions sans partages, féroces, attaquant les chars avec les gosses et les vieux pour attraper notre du.
Pour notre seconde parade, nous avions choisi celle du French Quarter. Parti de bonne heure samedi matin, nous avons rejoins le cœur de NO par Street-car en compagnie de Paul, Tiffany et Zac, petit resto au « Port of call » connu des locaux pour ces hamburgers et ses cocktails (notamment leurs bloody Mary qui tabassent) puis promenade dans les rues du French Quarter et squatte du trottoir sur Bourbon Street. Cette fois ci, parade plus chic, plus « bobo ». Toujours les fanfares et les danseuses, avec un travail plus fini, les chars mais avec en plus cette fois-ci une parade de carrioles tirées par de magnifiques chevaux, dirigés par des blancs très classes et, petit touche délirante, quelques travelos en début de cortège. Juste le temps de quelques bières et la parade touchait déjà à sa fin. Puis en quelques minutes, une marée humaine se déversait dans les rues. Cette fois-ci, nouveau spectacle. Sous les balcons de fers forgés des centaines de personnes se rassemblaient pour essayer d’attraper les « beads » que leurs occupants lançaient. Mais cette fois-ci pas de hasard. Les personnes sur les balcons choisissent à qui ils envoient les colliers. Ainsi généralement les hommes lancent leur collier aux femmes, et inversement. Et quand la foule devient trop dense, la stratégie la plus élaborée pour attirer le regard du lanceur et de montrer soit ses seins pour les femmes, soit leur sexe pour les hommes. Rassurez-vous, généralement seuls les touristes bien torchés se prêtent à ce petit jeu. N’étant pas des touristes et ne buvant jamais à l’excès, nous resterons à l’écart de ces égarements.
Dimanche après midi, dans cette bonne vieille ville républicaine qu’est Slidell, nous avons participé, en compagnie de mon boss Rick et de notre pote Marvin, à notre troisième parade. Cette fois encore, une atmosphère complètement différente. La foule était constituée pratiquement que de blancs avec des têtes de gros débiles de mecs qui votent à droite. Pour aller avec l’ambiance, défilés d’élèves d’écoles militaires, de chars d’assauts et de 4x4. Les « beads » étaient distribués par milliers, comme une thérapie de masse pour oublier la crise. Bref, tout était réuni pour qu’on se fasse bien chier, mais le soleil, la bière et de bons potes nous ont fait passer, en fait, un moment plutôt agréable.
Ce week end ne fut qu’un coup d’essai pour le grand week end à venir. Le terrain a été déminé et nous saurons où amener nos potes Charles et Cécile pour profiter pleinement du meilleur de Mardi Gras. D’ailleurs si vous ne savez pas quoi faire…